Σάββατο 20 Απριλίου 2024 | 9:38

En exclusivité : extraits de la discussion entre le patriarche de Constantinople et le patriarche de Moscou

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ORTHODOXIA.INFO | Andreas Loudaros Le site Orthodoxia.info publie pour la première fois, en exclusivité, les arguments, les dialogues tendus et les points de discorde entre Constantinople et Moscou, révélant une partie des échanges qui ont eu lieu entre les patriarches de Constantinople et de Moscou le 31 août dernier au Phanar.

Les patriarches Bartholomée et Cyrille ont discuté durant trois heures des sujets qui divisent les deux Églises, tant l’Ukraine que l’absence de l’Église de Russie au saint et grand Concile de Crète, mais encore sur des sujets relatifs aux dialogues interchrétiens.

Il ressort du dialogue entre les deux primats que le patriarcat œcuménique considère que l’Ukraine n’appartient pas à la juridiction de Moscou, ce que le patriarcat de Russie rejette catégoriquement.

«Nous n’avons jamais perdu le sentiment et la conviction que nous sommes une seul pays et un seul peuple. Il est impossible de séparer Kiev de notre pays car [l’Ukraine, ndt] est le berceau de notre histoire. L’Église orthodoxe russe perpétue la conscience nationale des Russes et des Ukrainiens », a affirmé de manière significative le patriarche de Moscou, qui considère que depuis le concile de Ferrare-Florence c’est l’uniatisme qui est la source de tous les problèmes dans la région.

«Si l’uniatisme n’avait pas existé, les Russes n’auraient pas consacré le métropolite Job sans l’agrément de Constantinople, l’autonomie n’aurait pas été autoproclamée et la juridiction de Constantinople se serait poursuivie, Dieu sait jusqu’à quand, dans ces contrées », a soutenu le patriarche Cyrille qui a insisté sur le fait que l’idée d’une nation ukrainienne à part s’est développée à la fin du XIXe siècle par les uniates afin qu’ils puissent se disséminer dans le pays et le séparer du tsar.

Désaccord absolu

Il ressort des dialogues des deux primats qu’il existe un désaccord absolu, le Patriarcat de Moscou refusant non seulement l’octroi de l’autocéphalie à l’Église d’Ukraine, mais encore son autonomie étatique. Le dialogue qui suit est significatif :

Patriarche œcuménique (PO) :

En tout cas, les Ukrainiens ne se sentent pas à l’aise sous l’autorité de la Russie et ils désirent leur pleine liberté sur le plan religieux comme ils l’ont acquise sur le plan politique ; c’est la raison pour laquelle ils se sont adressés à leur Église-mère qui considère que leur demande est justifiée et poursuivra dans cette direction conformément à la décision déjà arrêtée par le Saint-Synode.

(…) Hormis le président Ianoukovitch, que j’ai rencontré il y a une dizaine d’années, tous sont venu au Patriarcat œcuménique et l’ont supplié d’octroyer l’autocéphalie. Ces dernières années, ce n’est pas seulement le président Porochenko et le Premier ministre qui ont soumis une décision officielle mais encore le Parlement …

Le patriarche de Moscou (PM) : Sainteté, ceux que vous mentionnez constituent la même force politique.

PO : Ils représentent pourtant le peuple ukrainien.

PM : Ils ne représentent pas le peuple. Ils ont pris le pouvoir via un coup d’État à l’époque de « Maidan ». Ils demandent l’autocéphalie pour renforcer leur autorité car ils occupent le pouvoir illégalement. Le peuple les renversera et les chassera et c’est pourquoi ils recherchent le soutien et l’autorité du Patriarcat œcuménique.

Peu après, le dialogue se poursuit :

PO : L’octroi de l’autocéphalie à l’Église d’Ukraine est du ressort de l’Église-mère.

PM : L’octroi de l’autocéphalie à l’Église d’Ukraine n’est pas seulement l’affaire de l’Église de Constantinople, mais une question qui concerne tous les orthodoxes, donc notre Église également.

Le patriarche œcuménique rappela au patriarche de Russie que non seulement lui-même et le métropolite de Volokolamsk ne peuvent se rendre en Ukraine, mais encore que le clergé ne le commémore pas. « Cela ne vous préoccupe-t-il donc pas ? N’est-ce pas là la preuve évidente que vous êtes persona non grata en Ukraine ? ».

« Sainteté, mettez-vous cela en rapport avec la position du peuple à mon égard ou avec celle du pouvoir politique actuel ? Il me semble qu’il s’agit de deux aspects différents. Les tenants du pouvoir politique, avec leurs 8 %, me sont opposés, mais le peuple orthodoxe ukrainien prie pour moi et me commémore », répondit le patriarche de Moscou. Ce à quoi le patriarche œcuménique rétorqua : « Béatitude, ce ne sont pas les politiciens qui ne vous commémorent pas, mais les ecclésiastiques ».

Vous tentez d’humilier l’Église-mère.

De nombreux points de la discussion entre les deux primats, révélés par Orthodoxia.info, manifestent le différend radical entre les Églises quant à l’interprétation d’événements historiques. Le patriarche de Moscou a demandé à plusieurs reprises l’organisation d’un colloque international afin d’analyser et d’expliquer les événements, mais le patriarche œcuménique a indiqué qu’ « une telle procédure renverra la question aux calendes grecques ».

« A mon avis, le dialogue est plus utile qu’une erreur qui va briser l’unité de l’orthodoxie » répondit le patriarche de Moscou ; puis ce dialogue s’ensuivit :

PO : Ce n’est pas le Patriarcat œcuménique qui a brisé l’unité et l’unanimité, mais ceux qui convoitent la primauté du patriarche de Constantinople, qui sapent l’Église-mère et tentent de l’humilier.

PM : S’agit-il de nous, Sainteté ?

PO : Bien sûr.

PM : Sainteté, c’est pour vous mettre au courant sur ce point également que nous sommes ici.

PO : Béatitude, vous invoquez vos millions de fidèles et la force politique. Pourtant, parmi ces millions, combien sont baptisés ? Combien participent à la vie liturgique ? L’orthodoxie n’a jamais eu le nombre pour critère mais uniquement les saints canons, la tradition et l’ordre canonique.

Les grandes contestations.

Parmi les questions qui furent discutées lors de la rencontre de Constantinople, outre le fait qu’elle conteste, comme on le sait, les droits du Patriarcat œcuménique concernant le territoire de l’Ukraine, il semble que l’Église de Russie conteste tant l’ « irrévocabilité » que le droit de Constantinople de fonder des Églises autocéphales.

Concernant l’irrévocabilité, le patriarche œcuménique demanda au patriarche de Moscou de lui envoyer le dossier de Philarète qui a fait des appels successifs afin que son cas soit examiné.

Le patriarche de Constantinople a invoqué les canons 9 et 17 du concile de Chalcédoine qui a conféré au patriarche de Constantinople le droit de recevoir de pareils appels et de les examiner. Le patriarche de Moscou a cependant contesté cela.

« Nous estimons que les canons 9 et 17 du concile œcuménique de Chalcédoine confèrent à l’archevêque de la Nouvelle Rome le droit de recevoir les appels des métropolites et exarques qui relèvent de sa juridiction. Si je me souviens bien, c’est ainsi que le Pédalion[Recueil de saints canons, NdT] interprète ces canons. C’est aussi une question dont nous devons discuter ensemble », répondit le patriarche Cyrille.

En ce qui concerne l’autocéphalie, la position de l’Église de Russie, telle qu’elle a été exposée par le patriarche Cyrille au patriarche Bartholomée, est la suivante : « Pour notre part, nous interprétons cette pratique différemment. Le patriarche œcuménique exerce le privilège d’octroyer des autocéphalies non point parce qu’il en a l’autorité, mais parce que les Églises orthodoxes locales ont été créées au sein de sa juridiction canonique. L’Ukraine constitue une partie du territoire de l’Église russe ».

Le patriarche œcuménique a été particulièrement sévère à l’égard du métropolite de Volokolamsk, qu’il accusa devant le patriarche Cyrille d’adopter une position hostile au Patriarcat œcuménique, mais aussi de proférer des mensonges à son encontre.

C’est justement en raison d’un entretien au cours duquel le métropolite fit allusion au soudoiement du Patriarcat œcuménique que le patriarche Bartholomée a été d’une extrême sévérité.

« Vous avez affirmé que le président Porochenko a soudoyé le Patriarcat œcuménique. Je vous le demande de manière directe : Pouvez-vous le prouver ? Si vous ne le pouvez, vous faites du tort l’Église-mère et elle vous maudira », a dit le patriarche au métropolite.

Le métropolite répondit qu’il n’avait cité le nom de Porochenko dans aucun entretien. « J’ai déclaré que nous savons, en Russie, que les schismatiques qui se rendent au Patriarcat œcuménique n’y viennent pas les mains vides ». Et le patriarche de lui répondre avec un signe de la main « Cela va de soi ».

Durant ce dialogue tendu, le patriarche de Moscou est intervenu en demandant au patriarche Bartholomée d’entourer le métropolite Hilarion de son amour, mais le patriarche œcuménique a répondu catégoriquement. « Béatitude, le frère ne s’est pas limité à cela, il ne cesse de s’en prendre à l’Église-mère de Constantinople et nourrit à son égard des sentiments hostiles. Je vous prie de le réprimander et de le calmer, car il vous porte préjudice ».

Nous devons développer davantage les relations avec le Vatican et le soutenir sur la question de la pédophilie.

Le positionnement du patriarche Cyrille à propos du dialogue interchrétien fut particulièrement intéressant. Le primat russe a souligné au cours de sa discussion avec le patriarche œcuménique que son Église n’a aucun problème à dialoguer avec l’Église catholique-romaine ; il souligna même que les relations « doivent être développées davantage », ajoutant toutefois qu’il n’y avait pas de désir semblable vis-à-vis des protestants, en affirmant clairement ses réserves quant à leurs développements internes en raison de l’ordination des femmes et de l’homophilie.

Il convient de mentionner que le patriarche de Moscou a donné sa propre explication à propos des scandales de pédophilie qui ébranlent l’Église catholique-romaine ces dernières années.

« La crise que traverse aujourd’hui l’Église catholique-romaine et les efforts qui sont déployés pour la détruire, tous ces fantasmes sur la pédophilie », affirma le patriarche Cyrille de manière significative, en ajoutant que « les diverses allégations qui sont avancées, selon lesquelles “il y une trentaine d’années un tel qui est aujourd’hui évêque a fait ceci ou cela” sans aucune preuve, cela cause problème. Ces présomptions sont désastreuses et nous, orthodoxes, devons soutenir nos frères catholiques-romains et manifester notre solidarité ».

Traduction française: Orthodoxie.com

 

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